Thèse de doctorat de géographie de Kaduna-Eve Demailly soutenue en 2014
Résumé
Au début des années 2000, on assiste en France au développement de vacants jardinés : des
espaces interstitiels, dont les anciennes utilisations du sol sont caduques, temporairement
conquis et végétalisés par les habitants. L’institutionnalisation de ces initiatives par les municipalités donne naissance au jardin partagé, dont le vacant jardiné constitue un type spécifique installé sur un terrain vacant et temporaire. Cette thèse vise à appréhender le vacant jardiné comme un outil d’analyse privilégié du « faire » et du « vivre » la ville contemporaine
grâce à une étude, combinant méthodologies qualitatives et quantitatives, fondée sur 48 sites du nord-est de l’Île-de-France.
Nous montrons ainsi que l’encadrement de jardins associatifs
par les municipalités est un fait inédit. Toutefois, bien que ces territoires soient coproduits et que les usagers participent pleinement à la gestion du vacant jardiné, ils ont un rôle limité dans la prise de décision. Si le développement des vacants jardinés institutionnalisés témoigne
d’un engagement politique, il s’inscrit aussi dans des stratégies de rentabilisation accrue des espaces urbains qui présentent des bénéfices certains pour les municipalités en termes d’embellissement, de sécurisation et d’image politique.
Enfin, les impacts sociaux et environnementaux sont à relativiser. D’une part, la création de liens sociaux est circonscrite à
l’espace du jardin, en raison de son statut hybride relevant du « club ». D’autre part, les vacants jardinés sont davantage envisagés comme des outils d’amélioration du cadre de vie et de sensibilisation à l’environnement que comme des territoires écologiques et de biodiversité effectifs.
Documents joints
Fabrique, gouvernance et dynamiques sociales
des vacants urbains jardinés du nord-est de l’Île-de-France