Photo , expérience, guide Décembre 2009

Lutte d’habitants, le jardin partagé du parc Clémenceau, Montpellier

Histoire

1994 - 2009. Montpellier. Quand les habitants résistent.

Historique

Nous sommes à la fin des années 80, le Ministère de l’Intérieur décide de reconstruire le commissariat central de Montpellier. L’opération est prévue sur le site même de l’ancien commissariat : avenue Georges Clemenceau. Des crédits sont débloqués afin que l’Etat rachète le terrain au propriétaire de l’époque : la congrégation des sœurs de Saint-Charles.

À la suite de cette acquisition foncière, l’Etat impose à la ville de réviser son POS (Plan d’Occupation des Sols) dans le but de déclasser les arbres centenaires qui se trouvent sur le terrain.

À partir de mai 1995, plusieurs riverains se mobilisent pour demander la création d’un jardin public. Ce quartier de Montpellier, situé en plein centre ville, est en effet dépourvu d’espaces verts. La mobilisation des habitants semble l’avoir emporté lorsqu’en janvier 1996, après 8 années d’études… le projet initial est abandonné. Le commissariat prendra place sur le site de l’ancienne caserne de CRS – avenue de Moulares, dont les terrains appartiennent également au Ministère de l’intérieur.

En 1998, dans le cadre d’une nouvelle révision du POS, la Ville reclasse la partie boisée (environ 2500m²) en "espace classé boisé à conserver". La parcelle, elle, reste inscrite au POS comme "emplacement réservé pour ouvrage public et installation d’intérêt général".

Mais en 1999, l’Etat revend le terrain à la SERM (Société d’Economie Mixte de Montpellier). En décembre, la ville vote un projet de ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) comprenant un square de 3000 m², une maison de quartier et la construction de 200 logements.

À nouveau en 2000, sous la pression des riverains, le projet de ZAC est gelé. Au départ, deux femmes se mobilisent. La première réunion d’informations rassemble quatre riverains. Puis au fil du temps, ce petit groupe d’habitants s’étoffe en participant à différentes manifestations : Téléthon, concerts... tout est prétexte à promouvoir l’indispensable création de cet espace vert !

Régulièrement les habitants se rencontrent : « on venait discuter, échanger, dans le café du coin ». « On écrivait des lettres, beaucoup de lettres » pour faire entendre notre volonté …

Et les 8 années de résistance ont fini par payer : le jardin public a ouvert ses portes en avril 2003. « C’était une belle bataille ! Vous avez bien fait » les a-t-on félicités après !

Aujourd’hui, l’association PAVE rassemble environ 200 adhérents. Elle a participé activement aux réunions publiques de concertation mises en place afin que le jardin réponde aux besoins des riverains.

Le jardin partagé, quant à lui, est né en mai 2005.

PAVE a établi un lien de confiance avec la ville, l’histoire de ce jardin et de cette association sont reconnus. Le dialogue est de mise, et à chaque saison, une réunion est organisée afin que les habitants expriment leurs envies et leurs attentes par rapport au parc et au jardin partagé : « on voudrait plus de bancs », « on pense même à faire un verger »…

Le jardin public accueille une population hétéroclite. Bien plus que d’apporter un peu de verdure en ville, ce parc témoigne de l’importance des espaces verts en terme de lien social, d’ouverture sur le quartier… « Personne ne se connaissait auparavant ». « Des personnes ont fait connaissance sur le parc, on a même fêté les 100 ans d’une dame. Les femmes viennent bras-dessus, bras-dessous, elles se retrouvent et bavardent » raconte une jardinière.

Le jardin partagé

Le jardin partagé se situe au fond du parc. Il est attenant à la cabane des jardiniers de la ville qui fait aussi office d’abri pour les jardiniers partageurs. Les échanges entre les jardiniers des espaces verts et les habitants sont très positifs : « quand on a besoin, il nous lèguent leurs vieux outils » expliquent une jardinière.

Les végétaux qui poussent sur le jardin partagé proviennent essentiellement de dons : de jardiniers désireux de partager leurs graines et leurs plants, de l’Ecolothèque qui récupère des bulbes invendus, et du service des Espaces Verts de la ville de Montpellier. Plusieurs riverains déposent leurs sacs de déchets par dessus la barrière afin d’alimenter le compost du jardin.

Enfin, une jardinière de longue date nous confie en parlant du jardin partagé « au niveau des rencontres, je trouve ça énorme ! »

Preuve que le jardin partagé est un lieu d’échanges, de rencontres, d’ouverture et d’expérimentation tant sociales qu’écologiques !

Textes et extraits issus du site de PAVE et de la rencontre avec deux jardinières militantes du jardin partagé du parc Clémenceau.

adresse

  • Dans le parc Clémenceau - 22 rue Georges Clémenceau - 34000 MONTPELLIER
  • Tram 2 : arrêt "Rondelet"
La vue du parc depuis le local des jardiniers Les bacs à compost, alimentés par les riverains